DOCTEUR PAUL NICOLAÏ
(1900-1977)
1960 - Le Docteur Paul NICOLAÏ en compagnie de Maître Robert MOULIS, maire de Fort de l'eau
A gauche, à la retraite à Hyères et à droite avec Madame Nicolaï en 1969
Après sa dernière consultation dans son cabinet de Fort de l'eau
Que l’on me permette comme auteur de ce DVD d’évoquer quelques souvenirs personnels. Le Dr Nicolaï est sans aucun doute la première personne que j’ai vue en arrivant au monde car c’est lui qui a accouché ma mère. C’était en un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître ! Il a passé la nuit à attendre que je veuille bien venir et j’ai eu l’outrecuidance de le faire patienter jusqu’au petit matin ! Du moins, c’est ce que l’on m’a dit. Peut-être est-ce pour cette raison que plus tard il s’est vengé par les vaccinations que mon frère et moi redoutions particulièrement. Il avait trouvé la parade à nos jérémiades, c’était des cris et des gesticulations, il fallait nous tenir solidement. D’où son idée de terminer sa très longue journée de travail en venant chez nous le mercredi très tard. Mon frère cadet et moi dormions alors profondément, au point de ne pas réagir à la piqûre qui n’arrivait même pas à nous réveiller !!! Ce n’est que le jeudi matin, au réveil, que l’endolorissement de l’épaule révélait son passage ! Heureusement, il n’y en a pas trop eu. Un autre reproche, pardonné d’autant plus que je ne suis pas certain que c’était sur sa prescription = ma mère avait l’habitude de nous “purger” une fois par mois pour prévenir les vers intestinaux. Or, la purge était aromatisée à la framboise. Depuis cette époque, nous ne pouvons plus supporter la framboise qu’elle soit dans les yaourts ou ailleurs ! Et je ne dis rien ici de l’huile de foie de morue ! Mais sans aucun doute, ces traitements ont fait de nous des gaillards solides.
Le Dr Paul Nicolaï était notre médecin de famille, comme il était celui de très nombreuses familles aquafortaines.
Né le 10 juillet 1900 à Constantine, il a fait ses études secondaires à Alger (lycée Ben-Aknoun, El-Biar, lycée Bugeaud) et par la suite ses études médicales et son internat.
C’est en décembre 1925 qu’il vint se fixer à Fort de l’Eau, qu’il n’a plus quitté. Il était LE médecin de famille, comme on aimerait aujourd’hui en rencontrer (il faisait les 35 heures obligatoires aujourd’hui dans la journée !). Toujours dévoué, à n’importe quelle heure, n’importe quel jour et quel que fut le temps. Il soignait les bobos mais aussi les maladies graves, accouchait les jeunes mamans, puis plus tard les enfants de celles-ci et encore plus tard, les enfants des enfants des premières ! Il connaissait si bien ses malades et les familles, que son diagnostic devait précéder son examen médical !
Je ressens encore la chaleur de son oreille sur mon dos à travers le mouchoir qu’il posait pour écouter, quoi ? je me le demandais avec curiosité. Que pouvait-on entendre dans une poitrine ? Aujourd’hui, l’âge venant, je crois le savoir.
Le Dr Nicolaï s’est encore distingué lors d’une épidémie de typhus en 1940-1941. Sa présence quasi-permanente auprès des malades dans le village et surtout dans les douars lui valut une reconnaissance (un peu tardive) par la remise de la médaille des Epidémies en 1949. Il s’est encore distingué sur le plan militaire et a obtenu la Légion d’Honneur en 1945. Et puis il a été élu à plusieurs reprises au Conseil municipal dès 1947, figurant en première place sur les listes pourtant en principe opposées ! C’est dire combien il faisait l’unanimité des aquafortains.
Je suis certain que ces quelques modestes lignes iront droit au coeur de ses nombreux malades (ou des bien-portants) de Fort de l’Eau, qui ne l’ont pas oublié. Il était l’une des personnalités les plus éminentes de notre village. Il était simple, discret, parlait peu, mais son dévouement n’a jamais été pris en défaut. Je le cite souvent en exemple à mon fils, jeune médecin.
Il a pris une retraite méritée en 1970 et s’est installé à Hyères, où il s’est éteint en 1977. Comme beaucoup d’aquafortains, je garderai jusqu’à la fin de ma vie le souvenir du Docteur Nicolaï. Je remercie ici sa fille Annie qui a bien voulu me confier ces quelques photos.
Christian GARCIA
Page du bulletin de Noël 2009 de l'Amicale Aquafortaine du Souvenir
Tous les Aquafortains qui ont connu le Docteur Paul NICOLAÏ, qui en garde aussi un souvenir tout ému et respectueux, ont appris avec une grande tristesse le décès de sa fille Annie.
Elle avait demandé à ses enfants et à sa famille que ses obsèques soient célébrées dans la plus stricte intimité familiale. Sa fille Marie-Paule nous a fait parvenir le texte ci-dessous, en nous permettant de le porter à la connaissance des Aquafortains. Merci sincèrement
L'Isle-sur-la-Sorgue - Pentecôte 2013
Témoignage et hommage à Annie NICOLAÏ épouse BERGET
Les enfants d’ Annie NICOLAÏ ont la tristesse de vous annoncer sa disparition le
22 octobre dernier.
Voici le témoignage qui a été lu à l’occasion de ses obsèques :
Annie et son frère Jean-François dit Bichon composaient une fratrie très
soudée.
Sa jeunesse est marquée par la profession de son père le Dr Paul Nicolaï,
médecin généraliste unanimement apprécié par les Aquafortains.
Après avoir obtenu son diplôme d’Assistante Sociale, elle exerce au service
scolaire de la Mairie d’Alger, en lien étroit avec son papa qui officiait aussi
auprès des enfants scolarisés.
Elle rencontre son époux, Claude, Professeur d’Education Physique et Sportive
qu’elle allait admirer lorsqu’il jouait au Volley.
Ils se marient en 1957.
Elle a le bonheur de donner naissance à 3 enfants, Jean-Jacques, Jean-François
et Marie-Paule.
Afin de se consacrer pleinement à eux, elle prend une disponibilité.
Au moment du « grand départ » en 1967, elle est très bien accueillie à Marseille
et intègre l’Assistance Publique des Hôpitaux où elle peut à nouveau exercer ses
fonctions d’Assistante Sociale, cette fois auprès des patients hospitalisés.
En 1972, Toute la famille vient s’installer à Hyères.
La maison familiale est baptisée « Villa Fort de l’Eau » à la grande joie du
Docteur Paul Nicolaï.
Annie et sa famille vont ainsi durant cinq belles années profiter de contacts
étroits et quotidiens avec parents et grands-parents avant le décès brutal de
son père.
Catéchiste à Fort de l’eau puis à Marseille, c’est tout naturellement qu’elle
poursuit cet engagement à Hyères.
En 1981, elle reprend son activité professionnelle d’Assistante Sociale auprès
des retraités de l’Assistance Publique de Marseille où elle s’investit pleinement.
C ‘est avec dévouement et humanité qu’elle assure l’accompagnement de ses
protégés qui lui témoigneront une grande reconnaissance.
Ses collègues de travail l’apprécient également pour sa chaleur, sa disponibilité
et aussi son humour.
En 1990, elle quitte définitivement ses fonctions et Marseille qu’elle aimait tant
avec regret.
Huit petits-enfants viennent combler cette jeune retraitée. C’est avec plaisir
qu’elle partagera de nombreux moments de garde ou de loisirs en compagnie de
son époux.
Après avoir perdu son frère Jean-François, si proche, elle vit d’autant plus
douloureusement le deuil de Claude en 2015.
Elle affronte courageusement la solitude grâce au soutien de sa famille et de
ses proches.
Elle vit alors pour et par ses enfants et petits-enfants et n’aura de cesse de
faire revivre grâce à sa mémoire infaillible « son très cher Fort de l’Eau ».
Elle nous a quittés soudainement le 22 octobre en laissant ses enfants et
petits-enfants à qui sa présence manquera douloureusement.
Elle a sûrement rejoint ses proches qui lui manquaient tant et aussi Fort de l’Eau
qu’elle n’avait jamais vraiment quitté.
Une évocation d'Annie
à la fin de cette page
Voyage à Fort de l'eau d'un groupe de notre amicale fin septembre 2013. Voici la première impression de la petite-fille : Marie Paule BERGET
Bonjour, je vous partage mon émotion et ma reconnaissance d'avoir pu être invitée dans l'ex-cabinet du Dr Nicolaī et maison de mes grands-parents, un rêve devenu réalité grâce aux aquafortains , dont le propriétaire actuel. Je me souviendrai de ce magnifique moment qui a clôturé en beauté mon séjour à Fort de l'eau-Bordj el kiffan. Merciiiii
Une ordonnance du Dr Nicolaî
(merci à Josette JUAN-GUISIANO)