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Nice-Matin

21 mai 2006

                 Gisèle et Christian , je vous adresse le texte qu'a écrit  et lu Philippe au cours de la céremonie religieuse

Tu pourras Gisèle dans le bulletin , et toi christian dans le site Fort de l'eau , le mettre certes il est un peu long , mais

il retrace bien la vie de Mady et celle de Fort de L'Eau et de son amicale . il y avait beaucoup de monde et d'Aquarortains

a ses obséques !! Un grand merci a tous


Merci par avance , et Bises amicales .

Claude Camps

---------- Forwarded message ---------
De : Camps, Philippe <
pcamps@nicematin.fr>
Date: jeu. 26 août 2021 à 12:23

Maman


Ma mère avait deux défauts :

Elle ne mettait pas assez d épices dans le couscous et elle s est toujours refusé à faire les longuets à la soubresade et la coca. 

Elle comptait sur ma tante et elle avait raison.

Pour le reste, elle était belle, lumineuse, généreuse, fantasque, affectueuse, déroutante, caractérielle et ingérable.

C’était un soleil. 

Depuis dimanche, il fait nuit dans nos vies. 

Elle est partie un 15 août.

Elle chérissait cette date. 

Un peu pour l Assomption, beaucoup parce que ça lui rappelait les fêtes de Fort 

de l Eau, son village en Algérie, sa terre, sa vie, sa tragédie.

Ma mère adorait la Vierge et la fête.

Elle avait le goût des églises silencieuses et celui des musiques entraînantes.

Elle a chanté ici. Dans ces lieux. 

Elle était membre de la chorale. 

Elle n’a pas fait carrière. 

Dieu, mes oreilles et les chants chrétiens la remercient.

Remarquez, elle était plus à l aise sur ces bancs qu’au volant.

A une époque, mon père lui avait offert une Austin blanche.

J ai eu l immense privilège de monter avec la pire conductrice de l histoire 

de l automobile.

Un carnage. 

Elle se mélangeait les pédales.

Elle a même failli nous tuer, mon père et moi, à l’intersection du boulevard Gambetta et de la Promenade des Anglais. 

J entends encore le paternel lui souffler : 

« Mamie, même Fangio aurait eu peur avec toi. » 

Le chauffeur du bus, qui nous a évité, à été canonisé peu après à Rome.

Ma mère aimait la vie, les bals, le chocolat noir, la famille princière de Monaco, James Bond, les carrés Hermès, le carré d agneau, les madeleines, les voyages, 

les marchés, Alain Delon, les virés avec sa copine Annie, les réunions des anciens aquafortains  à l ile sur sorgue, la famille, l imprévu, les westerns, les antiquaires, 

son frère Pierre, les amis, l Espagne, l Italie, le Campari, l Algérie. 

Surtout l Algérie. 

Son bonheur de 1936 à 1962.

La jeunesse, l insouciance. 

L indépendance a été son drame. 

Un arrachement. 

En France, elle commençait toutes ses phrases par « Il est pied-noir ? » 

« Non maman » «  C est dommage ! »

Le soir, elle ne m a jamais lu les Contes de Perrault. 

Ses histoires à elle se passait là bas.

Sur l autre rive.

Sur sa plage de la Sirène.

Là bas où le ciel était plus bleu, les fruits plus goûteux.

Le temps a passé.

J ai compris qu elle avait fait un pas de côté le jour où elle s est arrêté de me dire 

de faire attention en traversant, de mettre le chapeau parce qu’il faisait chaud 

ou le blouson parce qu’il faisait froid. 

A la fin , elle ne savait plus qui j étais. 

Moi j ai toujours su qui était ma mère. 

Ma merveille.

Une femme de cœur, capable de coups de folie comme enjamber la rampe d escalier pour descendre un étage sur les fesses dans le seul but de faire rire Juliette et Garance. Capable aussi de sangloter une semaine parce que j avais quitté la maison familiale, à un âge raisonnable, pour m installer dans un studio à trois ou quatre kilomètres d elle et de ses rafales de bisous.

Je sais enfin qu elle a aimé mon père, l homme de sa vie, pendant toute une vie. 

Un amour sublime. Immortel.

Le 9 juillet, c est à dire hier, ils fêtaient leur 62 ans de mariage. 

Ajoutez deux années de fiançailles et encore deux de fricotage comme ils disaient.

Mes parents ne danseront plus le rock ou le tango.

Mon père ne passera plus la porte avec un bouquet de roses rouges ou de tulipes jaunes à la main.

Mais il n est pas seul. Il ne le sera jamais seul. Elle lui a laissé tant de souvenirs.

Je lui demande maintenant de ne pas quitter le terrain. 

Le match n est pas fini papa.

Je lui fais confiance : quand il avait le numéro 10 dans le dos, il détestait être remplacé.

« Y avait longtemps qu on n avait pas parlé de football » aurait-elle dit. 

Comment ne pas évoquer le foot et l ogc nice quand nous calquions notre itinéraire estival sur le calendrier de la Première Division. 

Je la revois dans les tribunes de Sochaux ou de Saint Étienne applaudissant un arrêt de Dominique Baratelli, une feinte de Roger Jouve ou un déboulé de jean-Noël Huck. Surréaliste. Je la revois sur le balcon de notre appartement du 40 rue Paul Bounin à Gorbella. Elle nous regardait, mon père et moi, marcher vers le Ray, vers le Gym des années 70.

Nous étions les plus heureux du monde. 

Elle était là. 

Elle est là.

Son sourire est en moi. 

En nous.

Il va continuer à éclairer nos chemins.

Rassurez-vous 

Ma maman n est pas partie bien loin.

  

"Lacrymosa" du Réquiem de Mozart

Eglise Sainte-Jeanne

d'Arc à Nice


Jeudi 19 août 2021

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